Plongée dans l’univers des influenceurs catholiques


Captures d’écran des comptes YouTube de (de gauche à droite) Alexandra de « La Pause Catho », Paul Adrien, frère dominicain, et Janvier Hongla.

Alexandra Chouabi aime « la mode, les algorithmes, et Jésus-Christ ». A 32 ans, cette professionnelle du marketing numérique, salariée à temps plein dans une société parisienne de courtage, est connue sur le réseau social Instagram sous le compte : « La pause catho ». Ses 21 000 followers, ou abonnés, apprécient sa joie de vivre, ses recommandations de lectures bibliques et les photos de ses pèlerinages. « On me demande souvent si je suis une bonne sœur, s’étonne-t-elle, alors que ma vie, c’est métro-boulot-dodo ! »

Alexandra Chouabi s’est lancée sur les réseaux sociaux à la faveur du confinement en 2020. « J’avais du temps pour lire ma Bible. Comme j’y trouvais de l’intérêt, je me suis dit : “Pourquoi ne pas le partager ?” » Cette spécialiste de l’image soigne son identité graphique et analyse minutieusement les « metrics », les indicateurs d’efficacité de ces « posts », mais refuse les placements de produits, dont elle pourrait tirer un revenu financier. « Je veux rester libre. J’aime faire comprendre que je suis quelqu’un de normal. Mon contenu n’est d’ailleurs validé ni par ma paroisse ni par mon évêque, précise-t-elle. Aujourd’hui, j’ai deux sources d’inspiration : ma vie et le calendrier liturgique. »

Comme Alexandra Chouabi, ils sont de plus en plus de jeunes catholiques à mettre en scène l’ordinaire de leur quotidien, dans leur salon ou leur voiture, tout en abordant au fil des jours la prière, le jeûne, le Carême ou le pardon. Ces dizaines d’influenceuses et d’influenceurs français rassemblent des millions de vues sur TikTok, Instagram ou Youtube, ayant à cœur de témoigner de leur foi catholique, présentée comme une source d’épanouissement.

Toucher un public « qui ne va pas à l’église »

« Youtube, Instagram, TikTok… Chaque réseau social, avec sa grammaire propre, permet de toucher un public qui n’irait pas de soi dans une église, un presbytère ou une assemblée de prière, analyse Isabelle Jonveau, sociologue des religions. Tout le monde peut devenir une autorité religieuse, à partir du moment où la personne a une audience. » Intimes, décalés, voire fantasques, les contenus partagés par ces nouveaux témoins de la foi tranchent parfois radicalement avec les méthodes de communication habituelles de l’Eglise.

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Chloé Vautravers, 20 ans, étudiante en sociologie à Montpellier, connue sur Instagram sous le pseudo chlodo.de.travers, documente ainsi son parcours de catéchumène adulte avec une exploitation maximale des fonctionnalités d’Instagram : un montage vidéo nerveux, où les chatons et les images animées en tout genre croisent des cierges et des crucifix. « Je fais les choses comme je le sens, admet-elle, j’aime créer du contenu et transmettre, c’est magique de pouvoir échanger sur les réseaux sociaux ! » Face caméra, parfois des larmes dans les yeux, la jeune femme aux longs cheveux blonds et au visage poupin témoigne dans des monologues de ce que sa foi change dans sa vie. Chloé Vautravers assume que ses publications puissent « donner un timbre féminin et jeune à la prédication catholique en France ».

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